dimanche 13 décembre 2009

Loup y es-tu ?

La déclaration d’Yvana Trump à la presse me laisse sans bras, ils se sont désintégrés sur le carrelage en lisant ces quelques mots : « je ne permets pas à mes petits enfants de m’appeler grand-mère, je veux qu’ils me disent : Glam mum’»!
Botoxée de neuf, le chignon rutilant et peroxydé, la « maman glamour », aux lèvres siliconées, aura beau se gargariser de méthode Coué, les miroirs réfléchissent, eux !
C’est aux petits enfants de choisir la façon dont ils vous appellent. Donner un nom pour un enfant c’est important, surtout dans un monde où les repères sont brouillés. Nommer, c’est rendre une personne unique à vos yeux. Il ne s’agit pas de donner une étiquette à lire aux autres !
Ma grand-mère avait une jolie blouse à fleurs. Des rides profondes et lourdes comme le poids d’une vie lui barraient le front, et les jours de lessive elle sentait bon le savon de Marseille. Après le café au lait du matin, elle s’affairait à ses fourneaux embaumant la cuisine de lapin en sauce, de daube de carottes, de pot au feu et de ragoûts de toutes sortes qui nous faisaient presser le pas à la sortie de l’école. Cette vieille dame, voyons de… 60 ans à l’époque, ne savait rien de la chirurgie esthétique, mais se pomponnait le dimanche et veillait à son impeccable indéfrisable. Sa principale préoccupation était de nous rendre heureux et chaque tour de cadran, ainsi rempli, de biscuits au sucre glace, de parties de loto acharnées, de commissions au marché et de débordante tendresse avait un goût d’éternité. A l’heure de dormir, où, sur les murs de la chambre, se projetaient d’inquiétantes ombres chinoises, je n’aurai eu que faire d’une Glam Mum’ en porte jarretelle ! En caressant mon front de sa main rugueuse aux relents d’encaustique, ma grand-mère, savait terrasser tous les dragons de mon enfance. Son chiffon de poussière chassait les mauvais rêves et quand on traque les monstres on se garde bien de mettre du rouge à lèvres !
Du coup, notre héroïne, que suivait toujours un parfum d’eau de Cologne à la lavande, portait le plus doux nom qu’il soit. On ne lui en connaissait pas d’autres, et plus tard, quand il s’évapora pour être remplacé, par celui plus âcre et capiteux de l’Absence, nous le répétions comme un mantra protecteur : Mémé !
Mémé, mémé, qui ne s’épancha jamais dans la presse, mais qui en découpa toutes les recettes de cuisine, mémé, dont les rhumatismes déformaient les genoux et l’arthrose les doigts, tu étais à nos yeux la plus belle, dans tes tabliers de cretonne qui te donnaient des airs de princesse !
Je demande solennellement à mes petits enfants de m’appeler Mère-Grand, je préfère les canines acérées du Méchant Loup à la stupidité assassine du jeunisme !

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