mercredi 2 décembre 2009

Divin divan !

" La seule fois où j'ai feuilleté un livre de Freud, c'était aux toilettes et c'est ma mère qui le lisait". Telle est la troublante révélation que j'ai pu lire dans un magazine. Il s'agissait de l'interview d'une célébrité qui m'était jusque là parfaitement inconnue, et dont je ne me souviens plus le nom, depuis que j'ai refermé la revue. Etrange confidence, n'est-ce pas? Un rien scatologique et si merveilleusement révélatrice d'un rapport ambigu à la mère. Voilà qui m'a donné envie de vous parler de mon compagnon Sigmund, que je lis environ une fois par semaine. Bien que je doive lui avouer mes infidélités "Jungienne", je ne manque pas de me replonger dans "l'interprétation des rêves" ou "cinq leçons sur la psychanalyse". Ce divan! Lieu de tous les mystères, point de départ de tant d'aventures personnelles! Divan-fauteuil, fauteuil-divan, paroles et écoute, silences et écoute. Les deux protagonistes ne se font pas face, on peut s'abandonner, sans être trahi par les réactions du visage de l'autre. S'allonger, pour Dire. Sans précaution, fouiller dans le désordre, dans l'atmosphère tamisée d'un cabinet de psychanalyste. "Je m'assis sur un divan disparu sous les coussins, et je me sentis soudain soutenu, porté, capitonné par ces petits sacs de plume couverts de soie, comme si la forme et la place de mon corps eussent été marquées d'avance sur ce meuble." Ah Monsieur de Maupassant si vous aviez pu vous étendre rien qu'un instant sur celui du 19, Berggasse, dans le IXème arrondissement de Vienne!
Je me suis offert ce luxe dans mon prochain livre*: "Je voudrais me lover tout contre toi, m’enfoncer dans ta peau de velours. Je me blottirais, en position fœtale, histoire de régresser un peu. Je resterais prostrée, dans une lascive sensualité, au creux d’un de tes plis, jusqu’à ce que la jointure de mes articulations fasse mal. Je m’enroulerais autour de toi comme un serpent s’acharne autour d’une cuisse. " Je vous laisse le soin de vous prêter au jeu de l'interprétation.
Divan... du persan Diwan, qui désignait la salle garnie de tapis et de coussins où se réunissait le conseil du Sultan, puis, par extension, le gouvernement turc dans son ensemble. Diwan, d'où découle le mot de "douane ". C'est vrai que le divan est un lieu où l'on franchit des frontières, en payant une contribution, ou parfois en trichant comme de vils contrebandiers..
La dernière fois que j'ai lu Freud c'était hier... dans mon canapé!
* à paraître chez Ixcéa

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