mercredi 30 mars 2011

Les taupes du ratanakiri

Rappel : vous pouvez aggrandir les photos en cliquant dessus.


Les sandales posées près du trou. S'il revient, elles l'attendront, moins couvertes que lui d'une terre ocre, qui s'incruste partout. Chaque jour à partir de sept heure du matin, il descend dans le puit, qui laisse juste passer un corps d'homme.


Au fond, il remplit de terre le seau que son compagnon descend par une corde. Les déblais remonte lentement, puis deux ouvriers fouillent, à mains nues, pour trouver... les pierres semi-précieuses. Ratanakiri : la colline des pierres précieuses.

Ils fouillent, grattent, suent sang et eau sous un soleil de simple plomb, que n'abrite pas la bâche de plastique élimé. Les mains caleuses guettent, presque aveugles, jusqu' à sentir sous l'ongle noir, la rugosité des gemmes qui jouent à cache-cache. Un pile ou face qui ne rapportera jamais gros. Pendant que les doigts scrutent, l'or du ciel s'enroule sous les nuages.

Les "taupes" accélèrent le tour de manivelle pour remonter les mètres cubes de terre rouge. Un "eldorado" qui ne verra jamais la couleur de l'or.

Les jours de veine, quand la terre veut bien ouvrir les siennes, la gemme est extraite, taillée et revendue sur le site où on évite ainsi les intermédiaires. Les quelques élégantes porteront les perles de sueur en pendentif, ou en boucles d'oreille.

Pour eux, demain restera suspendu à deux mains...





mardi 29 mars 2011

Kanchaac

Après une heure de piste qui colore la terre d'une poussière de sang et près d'une heure de pirogue, sur la rivière très à sec en cette saison, le chef du village nous accueille dans sa communauté Kanchaak.

Cette minorité qui vit dans la province du Ranatakiri au nord est du Cambodge est très pauvre. Elle survit grâce au travail dans les champs qui permet tout juste à ses deux cents membres de s'alimenter.

Les kanchaac sont animistes, les chamanes sont ici des femmes, qui entrent en communication avec les esprits de la nature, par la transe, qu'elles obtiennent par une musique rituelle, lancinante.








C'est avec l'aide du chef du village que je peux organiser un "mini dispensaire" pour parer aux coupures et brûlures qui s'infectent très vite ici.

Les femmes et les enfants vont chercher l'eau de la rivière, une eau de très mauvaise qualité qu'on recueille dans des calebasses ou des bouteilles en plastique. Les petites filles transportent sur leur dos, ces lourdes charges dans leurs paniers.

Les regards ont la gravité de ceux qui luttent, jour après jour pour survivre. Peu d'éclats de rire, des silences, lourds... Il faudra repartir bientôt, la nuit prépare son encre noire pour écrire l'autre page, d'un autre jour.

jeudi 24 mars 2011

Cuisine Khmère

Dans les villages les plus reculés, dans la rue ou au restaurant, je suis Dèth, les yeux fermés.
Il a l'art de vous emmener dans les dédalles des ruelles ou dans une famille pour savourer le meilleur de la cuisne Kmère, avec parfois quelques incursions dans la cuisine chinoise.

Amok de poisson, fondue avec dégustation de serpent, poisson en papillote...








boeuf mariné aux oeufs d oeufs de fourmi, et soupe de poisson aux herbes et à la citronelle.


Ce qui donne le plus de saveur... le sourire des cuisinières!

lundi 21 mars 2011

Angkor

Le temple d'Angkor Vat se reflète depuis des siècles sur le miroir de l'eau, dont seuls quelques poissons téméraires dérident la parfaite immobilité.






Sur les différents sites, on s'attend à voir : des temples enfouis sous la végétation,










et des bas-reliefs...











mais on rencontre aussi :






des chiliens amoureux,




des petites filles,











des ouvriers,











des fidèles,











des héroïnes de manga,











et des danseuses...






Pour eux, Angkor capture le ciel dans l'eau , pour des siècles encore

samedi 19 mars 2011

Le monde de Phay

Phay ne m'attendait pas. Il vit près de la briqueterie à laquelle on accède par le "train bambou". Les briques mettront près d'un mois à sécher, et sont façonnées à partir d'un argile plutôt jaune, que l'on conserve, humide, sous une bâche de plastique. La terre, Phay, ni touche pas, jamais.
J'aime travailler la glaise, j'y enfonce mes doigts, la modèle, et la malaxe, elle grave et les ongles et les doigts, les frôlements et les pétrissages. La terre, le taire. On dit avec ses doigts ce que le moi veut taire. Petit à petit je modèle une tête, aux oreilles décollées, au nez un peu crochu, aux arcades sourcilères marquées.
Phay, ne me quitte pas des yeux. La terre lui joue des tours, elle invente un visage de croquemitaine qu'il n'a jamais rencontré. Pour la première fois, il s'approche de l'argile qui dort, il détache une motte et voilà que ses mains se réveillent: un rhinoceros, et puis un éléphant...

Le geste est sûr, les mains agiles, les formes quasi parfaites. Son père est formel, jamais Phay n'a sculpté dans la glaise.

Phay est un dieu, qui au sixième jour invente encore le bestiaire qui dormait dans sa mémoire. Phay est un artiste, et la terre qui ne servait qu'aux briques, est une toile où s'accrochent les couleurs de son monde intérieur.

"Je deviens la mélodie ou la statue, et pourtant la mélodie et la statue restent extérieures à moi ; je les deviens pour qu'elles soient elles-mêmes." Je cède à l'enchantement

vendredi 18 mars 2011

La route vers Battambang






La route, puis la piste, et encore la route... Les chemins de traverses qui mènent à Battambang, frôlent les langueurs du fleuve.
Les visages s'y reflètent, plus sombre parfois jusqu'à ce qu'un rire claque et joue à faire des ricochets sur l'eau.

jeudi 17 mars 2011

Phnom Penh

Alors je me suis assise, et le temps a décidé de ne plus m'interrompre...


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