lundi 16 novembre 2009

Automne...

"Rien de pire que de souffrir d'une dépression nerveuse en pleine automne, l'automne est une circonstance aggravante".
Pas d'accord avec ce bougon que chagrine novembre! Cette saison me redonne le sourire.

Août, suffocant, lourd des désirs des corps gorgés de soleil. Les paupières, fatiguées de nuit trop longues, s'ourlent de mauve. A la fin des étés lascifs, stridulent encore quelques cigales retardataires sous l'oeil navré des laborieuses fourmis qui sentent pointer un hiver plus rigoureux. Nostalgie de la fin d'été où les plagistes rentrent les derniers parasols, des grains de sable s'échappent d'espadrilles oubliées, les maisons désertées claquent un volet au vent du nord, comme on soufflette un gougeât. Il n'y a plus dans l'air, cette fragrance de beurre de karité, mélé de vanille, juste la légèreté iodée des embruns de la mer. La fin d'été est une circonstance aggravante pour qui espère que revienne juillet, avec les tables blanches sous les figuiers, les lampes tempêtes où viennent mourir d'imprudentes phalènes, et les robes de coton légères que le Cers taquin, soulève sans rougir. Oui, à cette bascule des saisons, ni l'été ni vraiment l'automne, une tristesse sourde se glisse en moi, fugace comme un lézard surpris dans son sommeil.

Alors qu'une vague mélancolie semble vouloir s'installer, la chute d'une feuille jaune, lente et courbe me fait sortir de la torpeur. Le sol se couvre peu à peu d'un patchwork d'ocre et roux qu'aucun fuseau de laine ne saurait égaler. Les majestueux liquidambar se parent de nuances rouges écarlates, même ses rameaux s'entourent de pourpre foncé, les érables flamboient de teintes cuivrées, des marrons d'inde roulent dans leur bogue verte, où l'on entrevoit une robe sombre et brillante. Le soleil se fait plus tendre, et le sol plus moelleux sous les pas.

L'automne enrobe toute chose et nous prépare, dans la douceur, aux rigueurs acérées de l'implacable hiver.

Ce temps de l'année et ce temps de ma vie s'enroulent et se confondent. Tout y est plus intense et plus fort. Les sens en éveil, s'attachent à l'essentiel. Les promenades solitaires, où seule une brume légère vient vous tenir compagnie, des senteurs de fougère, l'enfance qui vous fait tracer de longs sillons dans le tapis de feuilles. Des souvenirs se ramassent à la pelle...

J'aime la lengueur de l'automne et sa beauté puissante, cette force sourde qui allège les arbres et souffle à nos visages une fraîcheur nouvelle. Bel automne qui me fascine et m'empêche de regarder l'été resté loin en arrière. Alors, sur ce banc droit, où pointent quelques échardes, à la chaleur du dernier soleil, j'attends en regardant toutes ces merveilles, que viennent s'installer l'hiver.

1 commentaire:

  1. quelle belle promenade:
    dis, je peux venir au pays de ton regard?
    merci Maria

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