La biographie de Philip Norman est une somme, il passe au crible les détails, les habitudes, et tente de comprendre les processus de création de Lennon. Il décrypte la genèse de ses chansons, de ses idées... L'auteur rentre à pieds joints dans cette vie, il en sonde les moindres recoins, fouille les tiroirs. Il revient sur des lieux désertés, croisent des visages oubliés. Il recolle un à un les fragments éparpillés. Au fil de l'enquête, il veut savoir, tout, il veut tout dire, ou presque.
Alors, direz-vous ? Existe-t-il encore un espace pour l'intimité? Reste-t-il des lieux, des objets, des images de l'intimité? Le canadien Robert Blandin, écrit que dans une musique, c'est l'ensemble mystérieux de l'intimité des mesures et du secret des notes qui attire et nous charme. Pourquoi cherche-t-on à trop savoir, à trop comprendre? Une fois parti, que lira-t-on entre nos lignes?
Journaliste à la radio, je posais toujours la même question à mes invités: "qu'aimeriez-vous laisser de vous?". Ils restaient déconcertés, ils cherchaient, hésitaient, souvent un sourire au bord des lèvres, ils finissaient par me répondre: une pierre ramassée au bord d'un chemin jonché de coquelicots, une montre en or déjà transmise depuis plusieurs générations, un livre, une chanson, un bon souvenir... pour nous aidez à comprendre, nous aider à ne pas se faire oublier. Un cadeau de l'intime, une confidence, la liberté de soi, juste avant une confiance accordée au présent. A chacun de donner son seuil d'accessibilité.
J'ai refermé la biographie, laissé Lennon regarder le monde derrière ces petites lunettes rondes, et chanter : "Nous resplendissons tous, comme la lune et les étoiles et le soleil...»
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