mercredi 18 novembre 2009

Métropolitain

J'aime la descente dans le métro parisien. L'odeur des freins surchauffés, les parois luisantes de céramique blanche, le glissement à peine saccadé de la rame, à l'intérieur du noir tunnel... La valse triste d'un accordéon qui s'engouffre à l'ouverture des portes, l'énumération encyclopédique des stations de Nation à Dauphine: Jaurès, Philippe Auguste et Alexandre Dumas.
Tout au long du périple, j'imagine parfois, les milliers de mètres cubes de déblais évacués pour construire la première ligne, les armées de terrassiers s'affairant comme des fourmis, les chantiers ouverts partout, les tracés sous la Seine, les premiers trains avec des sièges en bois pour les secondes classes et des sièges en cuir pour les premières, le ticket à 15 centimes et sur lequel on notait parfois, un rendez-vous ou un prénom...

Un couple s'adosse à la portière. Les corps se frôlent. Au suave balancement de la rame, les amants du métro mélangent leurs haleines aux arômes suaves de café noir du matin. Amourette en six stations. Les mains se cherchent, les regards s'éternisent... Une boucle sombre, brillante comme une châtaigne, s'échappe d'un béret de laine couleur de prune, sur le front. Avec tendresse, la main blanche, longue et prévenante de l'homme, replace la mèche rebelle. Elle, les joues piquées de rose des premières fraîcheurs de novembre, ferme les yeux pour s'imprégner de la caresse furtive, et rougit de plus belle. Le grain de beauté, posé comme une minuscule semence de blé, au dessus de la lèvre, frémit imperceptiblement. Les hanches chaloupent au détour d'un virage, et tanguent encore quand le train ralentit. Les amants savent, sans doute, instinctivement, le temps que peuvent durer ses amours souterraines, ils en savourent chaque seconde, avidement. Sans peur aucune des amours mortes, sans hésiter, ensemble, ils descendent à la station du Père Lachaise.

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