mercredi 3 février 2010

Au revoir Philippe Verro

Mon ami Philippe Verro, est parti pour un ultime voyage qu'il ne me racontera pas.
Notre rencontre avait eu lieu il y a six ans. Nous avions rendez-vous dans une grande librairie de Nîmes. Philippe Verro, sortait son livre de photos: Mon fils est torero. J'étais venue pour interviewer un photographe, j'avais rencontré un écrivain, qui allait devenir un ami. Elégant en diable, l'homme l'était aussi quand il s'exprimait, avec une courtoisie qui semblait d'un autre âge, mais dont je me plais à croire, qu'elle est capable encore d'exister. Nous avions tant et tant parlé, ce premier jour, où Nîmes portait en triomphe les matadors vêtus de lumière, que mon magnétophone, que j'avais oublié d'arrêter, surchauffé par l'ardente discussion, avait rendu l'âme le soir même. Nous prîmes un nouveau rendez-vous, sur une autre étape taurine, dans la chaleur suffocante de juillet, où d'autres toreros venaient chercher la gloire. Ce jour là, avant la course, dans une bodega, j'entends encore les échos de Vino Griego, qui arrivaient à faire vibrer nos verres. Nous parlâmes de taureaux bien sûr, de voyages, de ses chevaux et de ses chiens qu'il aimait d'une tendresse inédite, truffes au vent, galopant loin devant, dans les brumes de la forêt de Chantilly. Il racontait, son réveillon du jour de l'an, dans une roulotte au coeur de la forêt. Le vermillon des grands crus sublimé, dans les verres, dont le cristal carillonnait l'année nouvelle.
Philippe était un veneur passionné, dirigeant un équipage de chevreuil et bouton d’honneur d’un équipage de lièvre, il entretenait avec la nature un dialogue secret et profond."Il savait nous rappeler que le vent du paradis souffle entre les oreilles d'un cheval au galop."C'était aussi un homme de théâtre, de cinéma et de télévision, il avait été scénariste et directeur de production.
J'aimais ces livres, ces récits de chasses et ses nouvelles. Dans Histoires de s'en souvenir, il parlait de ses infimes parcelles du temps, nécessaires à comprendre " les souffles de ce qui vit". Couronné par un prix, décerné par l'Académie Française, il m'avait fait l'honneur d'écrire la préface de Viento et de m'inviter à participer à son groupe de réflexion sur l'Homme et l'animalité.
Philippe, vous aviez eu la gentillesse d'écrire ces quelques mots en préembule de mon livre: " Les mots tournent, contournent le vide ouis disparaissent dans les étoiles... croc, chroniques qui mordent ou caressent, mots croquants comme des radis frais,... mots parfois plus douloureux que les maux, qui forment des phrases en phases avec nos vies...". Aujourd'hui je n'en trouve pas pour vous dire combien vous allez me manquer. Puissiez-vous, où que vous soyez désormais, caracoler au vent, entourés de vos chiens qui vous attendaient...

1 commentaire:

  1. Un billet en appelle ( en propose ) un autre alors je découvre, sensible ) les visages, les humanités qui croisent ou ont croisé votre vie ou retenu votre émotion, ces gens de la rue, ces gens de coeur, ces gens de cor ... et vos mots pour les dire ...

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