lundi 14 juin 2010

Kaguyahime

A Marie-Agnès , qu'elle puisse trouver dans ces quelques lignes, le modeste témoignage de mon immense admiration et de mon amitié fidèle!
Kaguyahime, princesse, belle comme la lumière diaphane de la lune pleine, puissante comme la tige de bambou dont les Dieux lui firent un berceau, lente comme un silence suspendu...
Marie-Agnès Gillot, danse et se fractionne en mille petits éclats de poussière d'étoile. La princesse passe, enveloppée d'une beauté indicible, une éclipse éclatante, une tourmente d'émotions. Là où la princesse trace un sillon prometteur de paix pour les Hommes, elle ne sème que convoitise et chaos. Le monde résonne du fracas des combats, vacarme assourdissant des jalousies meurtrières, où les tambours s'acharnent en recouvrant la méditation des flûtes.
La beauté s'incarne, et l'Homme se désagrège en perdant la raison. La pureté affronte la tentation. Les démons s'en prennent aux anges.
Le corps de Marie-Agnès se fragmente dans une arythmie séquencée. La princesse tient dans sa main le monde qui bascule. Marie-Agnès ne danse plus, elle écrit avec son corps, les symboles d'une humanité perdue, une épître du ciel, le SHODO: la Voie par la calligraphie, en blanc et noir, Yin et Yang, le début et la fin! Elle se balance, sur le fil fragile qui relie deux mondes, où le vide prend tout son sens. Dans le chaos, elle reste encore la Proportion.
Jiri Kylian, chorégraphe: " le cœur du sujet réside moins dans le récit que dans les thèmes qu’il évoque : la beauté qui suscite l’amour mais engendre aussi la jalousie, la guerre et la destruction… autant de sentiments qui jalonnent toute l’histoire de l’humanité et qui touchent chacun intimement. Je procède par abstraction, jusqu’à trouver une résonnance universelle et les nuances qui saisissent nos émotions contradictoires. La danse passe par le concret du corps, qui travaille, sue, souffre, tout en cherchant une dimension métaphysique."
Voilà pourquoi Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile à l'Opéra de Paris, est sublime : elle travaille, souffre et sue en puisant en elle même, la dimension ultime qui nous rend si puissant: l'émotion!
Le soir de la générale, à l'Opéra Bastille, elle emportait tout sur son passage, un vent de tornade à travers les bambous, sous les lumières opales de la lune...
La tempête apaisée, les musiciens du palais ont suspendu leurs costumes de soie sur les cintres du ciel, la lune profite d'un nuage pour aller faire un tour. Je retrouve Marie-Agnès, dans un restaurant japonais où nous refaisons le monde, encore, du bout de nos baguettes. La princesse a le corps fourbu, les pieds mâchés, les muscles en compote, et la nuit du pays du Soleil Levant a laissé comme une ombre autour de ces yeux noisette. Kaguyahime, pense déjà à la Première qu'elle dansera demain, un ballet mi-Dieu, mi-homme. A cette heure avancée de la nuit, elle ne sait pas encore qu'un cyclone d'applaudissements se prépare, où le public debout, va rappeller mille fois son étoile!

1 commentaire:

  1. Ce ballet m'a mise mal à l'aise,
    Sans parler du bruit fait par la musique

    quelque chose de daté au plan scénique , et quelque chose d'un corps trop masculin m' a heurté ,

    Bravo aux Danseurs masculins qui s'amusent entre eux , Les Filles n'ont pas assez à donner c'est dommage ,
    D'autres moments de poésie sont venus entre choquer le reste ,

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