A Pierre et Evelyne, deux sourires dans mon hiver...Il suffit de le voir pour penser que les émotions le traversent, le percutent, le soulèvent et parfois le submergent. Pierre Arditi, est un entier relatif. En relisant cette définition mathématique, je dirai qu’il est positif ou négatif mais toujours sans virgule. La virgule marquant toujours une pause, lui pas. Il n’en a pas le temps. Les minutes sont comptées aux hommes depuis la nuit des temps et l’éternité n’étant accordée qu’aux mythes et aux icones, il sait que lui, pétrit de chair et d’os, ne bénéficie que d'un temps x, où l’inconnu le reste à tout jamais. C'est pourquoi il dit tout et tout de suite.
Ce jour-là, Pierre Arditi est un clown blanc qui regarde une ombre noire. Il reste suspendu aux enluminures d'un poignet qui dessine des volutes de serge rouge sur le sable. L'ange lui a dédié l'un de ses envols, et lui, reste dans le couloir de pierre, oui, c'est le couloir de Pierre. Comme une vigie, il guette anxieux le moindre faux pas de l'ange, qui balance entre la vie et la mort, sur un cercle tracé à la craie. "Et s'il ne revenait pas? et si je restais là, me murmure Pierre, pétrifié, inquiet, l'arabesque d'astrakan sur le coeur.
Je me souviens quand vous disiez: "Quand j'entre en scène, j'entre en vie, je nais au monde. Là où la mort n'existe apparemment pas". Là, elle existe Pierre, tout le temps, prête à abattre sa carte maîtresse, ardente comme une flèche, déchirant le corps sur son passage, fulgurante et traversante comme une balle.
Cet après-midi l'Ange triomphe et nous jubilons tous de votre sourire. Car vous êtes heureux je crois, à ce moment.
L'écrivain André Maurois en dirait long sur ce sourire:"Le bonheur n'est jamais immobile, le bonheur c'est le répit dans l'inquiétude."