vendredi 31 décembre 2010

Rien que pour vous !

2010 nous tourne le dos. Le voici qui s'en va, sans regrets, ni remords. Juste une année de plus… ou de moins.
J’en garde toutefois les senteurs d’autres terres visitées, des regards croisés et éphémères, de valises qu’on n’en finit pas de boucler, de nouvelles rides au front et l’infinie douceur de vos messages maintes fois feuilletés…
Pourvu que vous soyez encore au rendez-vous l’année prochaine !!
Je vous souhaite une pétillante année 2011, pleine à craquer de vos désirs enfin comblés.
Soyez indulgent envers vous-même et pensez à vous gâtez !
Consacrez-vous du temps, faites les choses que vous aimez !
Soyez, en 2011, important pour vous vous-même, car parfois vous vous oubliez.
En ce premier jour de l’année nouvelle, je souhaite à chacun d’entre vous, la meilleure d’une longue série de merveilleuses années !
BONNE et HEUREUSE ANNEE !

jeudi 30 décembre 2010

et Pluie...

Les nuages n'y vont pas avec le dos de la cuillère, ils s’épanchent sur une terre qui n’a plus soif.
L’alerte orange enchaîne les pépins pour les hommes des plaines inondées.
Le Guadalquivir, au rouge, sort de son lit d’un bond, trébuche sur les rives et dégueule un flot d’injures vaseuses dans les caves!
Les taureaux frottent leurs ombres noires contre les rideaux de pluie, les sabots englués dans la vase, ils lèvent un regard sombre sur le ciel qui gronde. On les entend murmurer :

- Dites donc là-haut, faudrait pas oublier qui on est. On a été l’incarnation de la puissance divine, nous Môssieur, alors vous allez rappeler à l’ordre votre armée de cumulonimbus et tout l’toutim. On en a ras la corne, nous, de vos averses. 400 litres qui nous est tombé sous le coin des naseaux depuis un mois, 400 litres en un mois ! Non mais des fois !
Faut croire, que le ciel s’en fiche des plaintes lancinantes des taureaux, il redouble de plus belle. Il va prendre un pont, et renverse de l’eau partout ! Le chemin s’en lave les mains et passe le sien sans même se retourner.
Les poutres, en bois d’eucalyptus, jouent les caisses de résonnance, pour les gouttes danseuses de claquettes. Mon vieux chien réchauffe ses rhumatismes devant le feu de cheminée qui fait swinguer les craquements du chêne. Le fouet des trombes qui se déchainent, cinglent le verre des fenêtres et claque comme des cymbales
Arrêtez la musique ! Je crois que cette cacophonie est une ancienne danse de la pluie !

samedi 25 décembre 2010

Noël d'oranges !



Dans le jardin, les arbres des Noëls sévillans se couvrent de décorations aux parfums acidulés de l'enchantement de l'enfance.
Ces fruits sont pour vous!

Qu'ils vous apportent pour les fêtes soleil, douceur et goumandise!

lundi 20 décembre 2010

Enrique Morente

A Estrella Morente, mon amie. Puisse ces mots, chère Etoile, sécher un peu tes larmes !

La foule applaudit une dernière fois, la voix que l’on entendra plus. Elle pendouille, triste, accrochée à nos cœurs.

Enrique Morente, ne traversera plus les jardins de Grenade.

Le flamenco, est lourd quand il devient silence.

Lui, il était la voix qui repousse les limites. Les puristes en perdaient leur castillan, murmurant des incantations outrées, pour conjurer le sort de cet empêcheur de chanter en rond.

Il n’en finissait pas d’entrecroiser les genres, de dessiner de savantes passerelles entre le Cante et la musique classique, flirtant parfois même, avec d’électriques guitares, des écrivains maudits, des peintres transgresseurs.

« Enrique est celui que nous admirons tous, pour ce qu'il fait et ce qu’il est ... Il est Enrique qui souffre à chaque nouveau projet qu’il aborde. Celui qui parfois nous offre le geste qui nous rappelle ce Don Quichotte, de mauvaise humeur et aventurier, sans attachement aux choses matérielles, et pour lequel tout le monde voudrait se transformer en Sancho Pansa. ..». Estrella, sa fille, a des sanglots dans la voix. Son chant à elle aujourd’hui, dit quelque chose de l’absence.

Encore un peu de toi Enrique.

dimanche 19 décembre 2010

Le retour!

Y’a pas d’mots ! Silence ! Mille projets vampires, un passeport ras l’tampon, un nouvel ordinateur et presque deux mois plus tard, j’ai réussi à caler mes vertèbres dans un sofa rien qu’à moi ! Pas un de ces fauteuil d’hôtel dont le rembourrage infidèle épouse le premier cul venu, non, un canapé à moi, dont la mémoire éléphantesque se rappelle, sans effort, jusqu’à mon moindre défaut.
Posée, calée, vautrée dans la seule journée de paresse octroyée depuis mille et une lunes, je retrouve avec plaisir mon blog délaissé.
Et je vous entraperçois, encore fidèles au rendez-vous.
Je regrette d’avoir remis à demain les messages que nous aurions dus échanger dès aujourd’hui.
J’aurai sans doute mille choses à vous raconter !

lundi 25 octobre 2010

Trinidad


La couleur se lit sur les murs, et la rue, défoncée, crisse sous la poudre de terre battue...


On danse encore dans un "cour à cour" entre deux maisons.

Entre les peaux perlées de sueur, le corps à corps qui s'improvise, aux accents d'un mélancolique boléro.

Les hanches tanguent, chaloupent, en perdition sur les vagues à l'âme d'une chanson, qui traîne en langueur...


" Yo no se que me esta pasando,
que no dejo un momento de pensar en ti.
Yo no se que sera de mi
si no estoy junto a ti..."







samedi 23 octobre 2010

Volutes de Havane

Les façades de la Havane sont lessivées. Lasses, elles desquament sous le soleil. Les visages de la Havane sont lessivés. Las, ils desquament sous le soleil.
Des pieds nus donnent le tempo, à l’angle d’une ruelle, où un tricot de corps joue les funambules, sur un fil à linge tendu entre deux murs.
Ambre, fève de cacao, miel et grain de café, palettes des hommes aux sangs mêlés.

Le temps s’est arrêté sur les compteurs de la Plymouth.
Dans le reflet chromé du phare, une fille bien carrossée vérifie sa coiffure.

Encore une fois, je prends la route… Habana, Cienfuegos, Camaguey, Santiago…
Les cannes à sucre, se dressent sur la pointe des pieds pour nous voir passer.


Por el Mar de las Antillas
(que también Caribe llaman)

batida por olas duras

y ornada de espumas blandas,

bajo el sol que la persigue

y el viento que la rechaza,

cantando a lágrima viva

navega Cuba en su mapa :

un largo lagarto verde,

con ojos de piedra y agua.

mercredi 6 octobre 2010

Le Retiro

Il m'arrive de flâner dans le Parc du Retiro à Madrid. L'automne commence à peine à glisser quelques feuilles couleur de rouille, entre le vert bronze des arbres, tandis que le soleil s'encanaille encore du côté de l'été. L'allée principale est pavée des bonnes intentions des diseuses de bonnes aventures, le nez plongé dans leur tarot, ou l'oeil rivé sur une boule de cristal. Entre les petits stands pliants des voyantes, des hommes transformés en statues, un magicien jongleur de bulles, une sculpteuse de ballons, un caricaturiste dont le fusain acéré, trace à grands traits le sourire d’un moustachu hilare. Plus loin, un théâtre de marionnettes où des enfants en demi-cercle devant un guignol, attendent le début du spectacle. Trois coups. Personne en scène, une voix douce semble sortir du Guignol et entonne une mélodie :
-La la la la , comme je suis jolie, la la la je suis vraiment jolie !
La voix de jeune fille continue la rengaine :
- La la la la lère, je suis vraiment la plus jolie
- Il fait froid les enfants ?
- nOOOOOOOOOOOOOOn !
- ah tant mieux, je serai vraiment jolie sans mon manteau, la la la, je suis la plus jolie ! Vous croyez, hein, les enfants que je suis la plus jolie ?
- Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
Sortant comme un beau diable, apparait alors, une sorcière sur son balai.
- N’est-ce pas les enfants que je suis la plus jolie ?
Stupeur générale, les petits, médusés, en sont babas ! Oh la mocheté, nez crochu, verrue et tout le tralala. Seulement voilà, les petits ça ne trichent pas ! Le voici donc Le moment de l’hésitation, Le silence d’une seconde qui en dit long. Les enfants ont le cul entre deux mondes, ils ont dit oui mais face à cet écroulement du rêve, à ce cauchemar de la réalité, ils oscillent hésitants, au seuil de deux puits sans fond. Je me faufile dans cette éternité de silence, et guette le couperet qui trancherait l’hésitation : « la vérité, vous la dites, et elle vous attire des claques ou des félicitations, et le pire, c’est que dans un cas comme dans l’autre, personne ne vous croit. La vérité, c’est incroyable ! »

jeudi 16 septembre 2010

Peter Lindbergh

A Peter avec toute ma respectueuse admiration
Peter Lindbergh est un homme délicieux. Le rencontrer c'est apprendre à Voir, car rien ne lui échappe: pas une ombre, pas un recoin du soleil caressant, de ce jour là qui est passé si vite.
Il habite tout et rend beau les espaces inexplorés, ceux où l'on est trop passé, et les insignifiants. Il décèle les traces que nos habitudes ont piétinées et sans artifice il réinvente les encoignures du monde qu'on ne visite plus. Doux, prévenant, il s'empare des lieux en s'excusant. Mais après lui, notre univers n'est plus tout à fait à sa place. Il s'est passé comme une oscillation, il a basculé, un peu. C'est une légère courbure des choses, qui ont fait le gros dos en ronronnant comme un chat persan.
Il a imaginé les photos et se laisse pourtant faire par une épaule, un talon, un hochement de tête, une mèche que l'on relève. Il aspire l'air ambiant, il s'en délecte comme d'un vin frais et gouleyant. Il met de la couleur dans tout ses noirs et blancs.
Peter Lindbergh est en alerte: "Creation is the birth of something, and something cannot come from nothing". Sûr, qui vivra saura vraiment, il ne peut y avoir rien, je l'ai vu, oui, de mes propres yeux. Mais il y a un truc, et vous êtes le seul à le connaître, vous l'avez enfermé dans votre boite à malices. "May be all this is a question of how deep we are willing to go..." Oui, vous avez raison, cela dépend sans doute jusqu'à quelle profondeur nous sommes prêts à aller.

vendredi 10 septembre 2010

Retrouvailles

A Hélène et Régine...
Hier j'ai retrouvé des amies de l'enfance, complices des tableaux noirs et des blouses de nylon. Enfouies dans la poussière de craie, un cartable oublié, un cahier de vacances.
Par dessus: l'anonymat des facs, les coups de pouce, les coups du sort et les acharnements, les jours de gloire aussi... Il y a eu les enfants, les amours, les amis, les qui passent et les pour tout le temps. Les portes ouvertes et celles qui claquent. Des petits devenus grands, des éternels absents, des qui ne reviendront plus mais qui sont là quand même, des partis loin, des éternels en mouvement, des qui n'ont pas bougé, des qui restent les mêmes, des qu'on ne reconnait plus. Mille livres ouverts, des tickets effacés, des pages de cahiers, des parapluies perdues et des sacs oubliés. La craquelure du caramel des crèmes brûlées, des sandwichs avalés à la hâte, la solitude des séminaires et les cris des gamins autour d'une mariée. Des cris du coeur, des silences, des fous rires, des murmures au coin de l'oreille. Il y a eu des plages de sable blanc, des rues glissantes, des cartons, des nettoyages en grand et des empilements. Et puis des jours, des nuits, des pluies et des soleils... la vie, la sienne, la mienne et puis aussi la sienne. Elles, toujours, là, postées en embuscade dans un coin de mémoire. Elles, un bout de mon histoire.

mardi 7 septembre 2010

Madrid

Je flâne, le nez en l'air, dans Madrid, où souffle un vent à décorner mes chers taureaux sévillans. Le glacier, a empilé ses chaises, et le soleil s'amuse dans la géométrie des architectes. Un concierge, musarde sous les porches. Celine a raison : "Une ville sans concierge ça n'a pas d'histoire, pas de goût, c'est insipide telle une soupe sans poivre ni sel, une ratatouille informe".

Je flâne, le nez en l'air dans Madrid, pour une fois je n'ai ni train, ni avion à prendre. De cette promenade sans but, je garde une lumière engloutie par le miroir gourmand des fenêtres, l'oblique d'un échafaudage qui aimerait perdre l'équilibre...
Mardi, une moto frôle le trottoir, bonne nouvelle, elle a évité l'autobus qui se moque du tiers comme du quart, du reflet chromé du pare-choc qui s'éloigne.
Confidence d'un piéton qui marmonne dans une barbe qu'il porte courte:
- cabron, vaya el tio!
Moi cabron, j'aime pas le traduire. On pourrait dire salaud, mais ç'est pas ça. Cabron, ça sent le cuir, la sueur, le crachat, l'empoignade dans les bars, et les saveurs acres des cigares.
Je flâne dans Madrid, qui aujourd'hui se passe d'éventail, et qui a juste à secouer les arbres pour s'aérer les artères. Il y a un peu de folie dans l'air, un zest acidulé de je ne sais quoi, peut-être de la légèreté... "Et vous dansez sans le savoir, vous dansez en marchant sur les trottoirs cirés...".

samedi 4 septembre 2010

Exquise esquive




Il y a de la coquetterie dans l'air, de la gourmandise aussi. Un je ne sais quoi d'une enfance qui s'attarde et qui traîne les pieds. Un jour à la vanille, une pomme d'amour, qui flotte dans un océan couleur pastille de menthe. Il y a ce fil qu'on ne voudrait pas rompre, et les corps qui ne savent pas mentir... Il y a l'été qui fait oublier que nous sommes en hiver...
On tourne le dos pour en savoir le moins possible sur le voyage, parfois accidenté. On fait comme d'habitude, tout du moins on essaye.
- Vois-tu, cette seule petite impulsion iconoclaste, me rend maître du temps...
- Oui, mais un instant seulement
- C'est peut-être ça qui me donne le goût d'éternité!

vendredi 3 septembre 2010

Rouge sang

Un soir d'orange, éclaboussé. La poussière du soir las, qui s'écroule, sur la campagne incendiée de soleil. A peine, un souvenir de pluie, il y a longtemps, quand le vent du printemps murmurait dans les feuilles. Le souffle brûlant venu du sud, gorgé des silences tonitruants du désert, consume la terre rubescente. Un papillon joue les retardataires et furette volubile, sur une poignée d'immortelles. Il n'y a rien à dire de plus de cet instant. Juste le figer, et ne rien perdre de cette éternité, le compas de ses heures ouvert, offerte, indécente et lascive. Déjà, la lumière s'habille de nuit en soulignant de pourpre sombre, la silhouette des collines. Qui meurt à cet instant du jour, et me bouscule dans une ultime ruade? Si l'on m'avait dit que l'été en avait autant dans le ventre, j'aurais entraîné et mon âme et mon coeur à cette marche forcée.
Au lieu de ça, je reste le souffle coupé, le regard dans les chardons en feu, qui dressent leurs épines vers la première étoile. J'en suis quitte pour des égratignures à l'âme qui me retardent pour rentrer. Je reste là, mes croquenots dans la caillasse, les yeux barbouillés de corail, suspendue au bord d'un monde qui disparaît..
Ensuite... le soleil est allé se coucher!

mercredi 1 septembre 2010

Septembre

Oups! J'ai voyagé...beaucoup- j'ai farnienté...pas mal,- j'ai lu...à m'en fatiguer les mirettes- j'ai parlé...peu, et mille autre choses que le travail vous dérobe et que les vacances vous restituent, comme le fait la maîtresse quand en début d'année, elle vous a confisqué un yoyo. Tout, sauf... ECRIRE ! Ah en voilà des vacances, pas un subjonctif, pas un tréma ni même un adjectif à mettre au pluriel ou au singulier. Aucune conjugaison du verbe avoir, que je n'ai même pas eu à accorder avec le moindre complément d'objet direct placé avant. Mes verbes de vacances se déclinaient à tous les temps! Point de ces inénarrables oxymorons pour lesquels je me creuse souvent les méninges, oubliées les anphores et les synecdoques, effacés tous les mots de la marelle de mes histoires, vive la page...blanche!
Hélas, chasse le littéraire il revient au dico... et septembre est le mois des feuilles! J'ai donc gommé l'été et remis le stylo à l'encre!
Je n'ai jamais eu de penchant pour les bonnes résolutions de la rentrée qu'on laisse volontiers suspendues à la patère, dans le couloir de notre volonté. Donc, pas de croix de bois, ni fer, et évitons de cracher par terre, j'écrirai comme toujours jusqu'à plus soif, on ne peut pas se refaire!
D'autant que je me suis attelée à un ouvrage digne d'un constructeur de pyramide : la traduction en langue française du livre de mon mari, un pavé de 500 pages, dont la seconde édition est déjà pratiquement épuisée. Me voilà donc pour des mois, quelques heures par jour, penchée sur ma table comme un vieux scribe. Que dis-je un scribe, un vieux moine oui, qui à la lumière vacillante de quelques lampes, dont j'userai sans doute l'ampoule jusqu'au filament, remplira de pattes de mouches son parchemin électronique. Là, dans la solitude glacée de mon scriptorium, j'enluminerai de notre belle langue française, les arabesques savantes et littéraires de mon andalou de mari. Je choisirai pour lui les plus belles assonances, et quelques hyperboles à réveiller les morts. Que voulez-vous "si partir c'est mourir un peu, écrire, c'est vivre d'avantage !"

vendredi 6 août 2010

Cérémonie Tamoule à Maurice

Cavadee est une grande fête Tamoule. Les dévots, transpercent leur chair de petites aiguilles, des vels. Leurs bouches sont traversées de tiges de métal, il s semblent se murer dans un silence, offert aux Dieux.
Voici le symbole de la lance de Muruga qui tua Idumban. Les fines aiguilles dessinent sur les corps, des éventails, comme les plumes d'un paon. Pas de cri, pas de pleurs , mais des regards tendus vers le ciel, ou vers la flamme des offrandes. Les arches dressées sur les têtes peuvent mesurer plusieurs mètres de haut, couverts de fleurs et portés à dos d'homme sous le soleil de l'hiver mauricien. Le cortège s'ébranle, et les fidèles rassemblés sur le bord de la route aspergent les pieds meurtris des dévots.
La concentration, la foi, fait déplacer des montagnes à ces hommes et à ses femmes. Tambours et trompes donnent la cadence aux fidèles, qui traversent la ville. Les saris dessinent des arcs en ciel et les chevelures d'ébène s'illuminent de mille fleurs. Les cavadees pèsent sur les épaules des Hommes, comme les mille poids de la vie.

mardi 3 août 2010

"Je fus noyé dans un souffle chaud et parfumé d'aromates sauvages qui s'épandait comme un flot plein de la senteur violente des myrtes, des menthes, des citronelles, des immortelles, des lentisques, des lavandes, des thyms... ".
Chouchou, giraumon, pâtisson, bringelle, lalo, patole bananes, ananas, papayes, noix de coco, caramboles, avocats, vanille et épices... Les senteurs dansent la gigue sous vos narines et les noms chantent à vos oreilles une farandole effrénée. Le marché frictionne tous vos sens, comme un gain de crin revigorant sous une pluie d'orage!
Dans cette océan de farniente incontrôlé, il n'y a vraiment que mes 5 sens qui travaillent!

dimanche 1 août 2010

Ile Maurice J5

Les ocres et les cuivres se mêlent aux teintes d'ébène, le parme s'impose sur le rose, la terre chante ses couleurs! Le volcan s'est mis à nu en s'inventant des allures d'arc-en-ciel. Chamarel est un lieu rare, où la nature a fait des siennes: l'érosion a découvert les cendres du volcan. Les couleurs sont capricieuses, si l'on essayait de les mélanger, quelques heures plus tard on les retrouverait séparées pour reprendre leur teinte primitive. " C'est une symphonie de couleurs, un cri de poussière qu'exalte un envol d'étincelles". Entre Rivière Noire et pointe du Morne, on dit que cette terre était un lieu de sorcellerie, pour puiser, sans doute, les forces des autres mondes, trouver le Lien. En ses terres aux couleurs étranges, la promenade se fait en silence : "Silence déposé au creux du creux, terreur de la bouche lunaire, il est une minute, une heure lourde comme si le temps arrêté allait se transformer en pierre immense : c'est un moment, soudain le temps dissout sa nouvelle et impossible statue et le jour demeure immobile, comme un prisonnier dans le cratère, en cette geôle du cratère, dans les yeux de l'iguane du cratère..." Pablo Neruda

samedi 31 juillet 2010

Ile Maurice J4

Le grand lac sacré de l'île Maurice: Ganga Talao.
Au mois de février, la ferveur des pélerins guide plus de la moitié de la population de l'île Maurice, vers ces eaux sacrées, pour la fête de Maha Shivaratree. Des milliers de fidèles viendront se purifier dans l'eau glacée. Shiva est le dieu de la danse cosmique, et protecteur du Gange, incarnation de la pureté et de la divinité en Inde. Ceux qui vinrent à Maurice ne pouvaient plus se rendre au Gange, alors ils l'amenèrent à Maurice. C'est ainsi que fût créé Le lac de Grand Bassin. Nous sommes là, dans une région montagneuse et retirée du district de la Savanne. Ils marcheront jour et nuit, portant des temples miniatures, intincelant d'innombrables petits miroirs: les kanwars qui symbolisent la soumission à la volonté des Dieux. Après les prières, les pélerins rentreront chez eux en emportant leur lotas, un petit vase en cuivre ou des bouteilles remplies d'eau sacrée du lac destinée à honoré le Shiva Linga.
Aujourd'hui, le calme règne autour du lac. Vers le ciel s'élancent des volutes grises et parfumées, le prêtre signe chaque front, d'une trace rouge sang. Le silence s'invite, je m'assois et j'aperçois au loin, l'autre côté des choses !

jeudi 29 juillet 2010

Ile Maurice3

Aujourd'hui je n'ai rien fait, nada, zéro, néant... Un de ces coinçages de bulle comme on en rêverait plus souvent. Entre deux insolentes somnolences, le soleil a décidé de se coucher!
Tout a commencé ce matin, l'averse m'a coincée sur le transat. Terrassée en terrasse par une nonchalance quasi tropicale, j'ai regardé les oiseaux se goinfrer de goyaves. Puis l'heure tournant sur elle même, à la fréquence d'un derviche somnambule, il était grand temps de faire quelques pas pour rejoindre la plage. A ce moment précis, une flémingite aigüe m'a foudroyée comme l'éclair. Les signes avant coureurs ne m'avaient pas trompée, la crise était sérieuse et le verdict implacable : je ne ferai rien de la journée! Et c'est ce que je me suis employée à faire. Ah, c'est qu'on ne joue pas avec la maladie, n'importe quel thérapeute vous le dira, on doit écouter son corps! Et bien, j'ai suivi scrupuleusement le conseil, je n'ai pas bougé le moindre orteil! A peine ai-je tendu le bras vers mon cocktail minty-orange! Une petite fille, construisait ses châteaux en Espagne au bord de l'eau. J'ai d'abord suivi, du coin de l'oeil, ces assemblages de tourelles et de donjons, mais très vite, ses incessantes allées et venues pour chercher de l'eau m'ont épuisée. Je me suis alors mise en concentration, puis en visualisation intense, et en relaxation pour atteindre un état de supra conscience : pour parler vrai, j'ai dormi comme une masse !Vous excuserez, je l'espère, le peu d'informations données aujourd'hui sur les coutumes mauriciennes, j'ai sans doute confondu, à l'heure de la sieste, les alizées et notre bon Mistral! Je ne résiste pas, toutefois à vous livrer cette savoureuse définition d'Alain Finkielkraut: la FénéHANTISE = peur obsédante de la paresse ! A demain

mercredi 28 juillet 2010

Ile Maurice J2

Température 26°, mer 23° . Les couleurs Mauriciennes déclinent un arc en ciel glouton de couleurs incendiées de soleil. Les sourires éclatent en plein midi et l'hospitalité s'enroule autour de vous, avec la délicatesse d'un pagne de lin blanc. Les fruits éclatent en mousse juteuse et parfumée, les siestes s'éternisent, bercées par la psalmodie lancinante des vagues. Les alizées jouent avec les paréos qui découvrent les hanches des filles, dorées comme des brioches, sous les regards effrontés des garçons, qui se cachent à peine derrière leurs lunettes de soleil. Les vacances se déroulent comme un parchemin rare, dont on ne voudrait pas gaspiller le moindre centimètre. Maurice travaille, à l'heure où je m'invente des paradis... A demain !

mardi 27 juillet 2010

Ile Maurice 1

Bonsoir de Grand Baie! Il est 18h23 (16h23 en France), la nuit est tombée il y a presque une heure, après un coucher de soleil couleur d'orange, qui aspirait à petites gorgées, les dernières gouttes de lumière, du cocktail lagon bleu de l'océan. Ma première rencontre ce matin, un tisserin, un oiseau couleur citron qui tisse d'étranges nids, suspendus au bout des branches. Ici c'est donc l'hiver, mais le temps, au nord de l'île, est idéal pour une sieste sur la plage de sable blanc. L'eau est claire et bonne. Le soleil joue parfois une partie de cache-cache avec les nuages, l'espace d'un instant, puis le temps se remet au beau. La blancheur d'albâtre du sable, sa douceur infinie, vous pousse irrémédiablement à le laisser glisser entre vos doigts, à le modeler, à le malaxer, du coup je me suis mise à sculpter une tête, un totem, un visage des temps immémoriaux, les yeux dressés vers le ciel, comme hommage des temps anciens, au soir qui s'effondre dans la mer

J'ai du sans doute, sans le savoir, invoquer un Dieu de la pluie, car un peu plus tard, une averse, soudaine, brusque a dessiné des pois sur le tissu de sable et s'est évanoui aussi vite qu'elle était venue.
L'île est un caléidoscope de fleurs multicolores et les fruits succulents: papaye, banane, ananas, noix de coco, melons. En ville, les trottoirs croulent sous les paréos couleur turquoise et les bikinis, sous l'oeil désinvolte de joueurs de dominos, qui font claquer leurs pièces sur une plaque de ferraille en guise de table. On roule à gauche, souvenir de la présence anglaise, et les mauriciens sont d'une gentillesse et d'une courtoisie sans pareilles.
Demain, je vous donnerai d'autres nouvelles de l'hémisphère sud...

vendredi 23 juillet 2010

L'île Maurice

A nouveau, je boucle mes valises. Nouvelle destination, nouveaux horizons, nouveaux voyages. Cette fois-ci, destination l'île Maurice. En calculant bien, je n'ai pas réussi, en une année, à dormir plus de trois nuits suivies dans ma maison. Je traverse l'Espagne de long en large, au pas des taureaux, fait des sauts de puces en France et en Europe, et m'envole pour de plus longs périples dès que mon agenda donne des signes de faiblesse. C'est l'hiver qui m'attend à Maurice. Un hiver relatif où les températures se calent sur les 20°-22°.
Retour en Août, où je repartirai jouer les nomades, de l'Andalousie à la Castille, et de l'Extremadura au pays Basque. Quelques excursions en France, et l'automne pointera déjà le bout de son nez plus frileux. A ceux qui se reposent, je souhaite de bonnes vacances, aux besogneux qui partiront plus tard, courage vaillants soldats!
Comme toujours, j'essaierai de vous envoyer quelques cartes postales virtuelles.
A vous tous, mes lecteurs fidèles je souhaite un doux et bel été, rempli de senteurs de sable, de prés ou romarin. Où que vous soyez, quoi que vous fassiez, que les nuits longues et fraîches de l'été vous offrent de beaux rêves et que les jours s'amusent à jouer les noctambules!
A bientôt

jeudi 8 juillet 2010

C'est pas le pied !

J'ai eu beau chercher, une journée entière, scrutant, lorgnant, fouinant! Rien!
Pas un être humain ne portait de chaussures fermées, j'étais perdue pour de bon, dans les dédales obscurs d'un monde de sandales! Des centaines de doigts de pieds de toutes sortes se trémoussaient sous mon nez: des égyptiens, dont le pouce dominant aurait pu porter le némes rayé, des grecs à l'index dressé comme une colonne dorique, et des plus carrés, normaux en diable! Je saute à pied joint sur l'occasion pour avouer que je déteste sandales, sandalettes, tongs et autres attributs chaussants qui laissent impudiquement, à vue, la dizaine d'orteils. Foulant au pied, parfois la rigueur de l'alexandrin (vers à 12 pieds), voici donc quelques vers, composés au pied levé:

- Madame, à l'inconfort vous voilà condamnée
car vous ne souffrez point de sandales à vos pieds

- Je ne saurais montrer, monsieur, hors la maison
des orteils torturés par quelques durillons.
Quel plaisir trouvez-vous à exhiber des pieds,
que des années de marche, ont par trop déformés !
Je n'ai aucune joie à découvrir ainsi,
mes tout petits petons et mes talons aussi.
Je préfère somme toute un joli mocassin,
à ses tongs en plastique aux couleurs de jasmin.

Cette ode "podologique" un peu osée, en forme de pied de nez, et composée un peu à la hâte, j'en conviens, n'en demeure pas moins une revendication qu'il faut prendre au pied de la lettre: Cessez de m'agitez vos cors sous le nez, rengainez vos oignons, vos hyperkératose et rangez sous la chaussette, vos ongles incarnés! Sans compter la démarche de mollusque, qu'adopte la plus part des sandallés, lancinant frottement de ski de fond du traîne savate. Je suis sur le pied de guerre!
Sus à l'indécence des arpions, et sur ce terrain, je vous attends de pied ferme. Non mais sans blague, est-ce vraiment indispensable de déballer ainsi, une dizaine d'appendices palmés! Je foule au pied tous ces a priori, qui font croire qu'ainsi le pied respire mieux, lorsque revient l'été. Je lève mon verre au pied, qui doit garder toujours un peu d'intimité! Je garde mes ballerines sous la main, enfin au pied, me voilà à pied d'oeuvre...
Bon après cette diatribe, déclamée haut et fort, acceptez que je m'en aille... sur la pointe des pieds!

dimanche 4 juillet 2010

Cliché!

Ce n'était sans doute pas un jour comme les autres. Un jour où l'on trace au cordeau, les raies des cheveux mouillés d'eau de Cologne. D'habitude, les jumeaux reviennent hirsutes, la blouse maculée d'une boue grise des champs de bataille d'écolier et la grand-mère ne quitte pas sa caisse des yeux! Ce jour-là, on s'est aligné en rang d'oignons, fermé tous les cols de chemise, repassé impeccablement les tabliers, même le chien s'est invité à l'instant solennel. Ils ont "l'âme endimanchée". La photo, à cette époque est un moment rare, un instantané de luxe que l'on s'offre pour les grandes occasions, et que seul, le photographe, est capable de capturer à l'intérieur de son étrange boîte noire. Personne ne se doute, sur ce cliché, que des années plus tard, tout le monde se baladera, un appareil photo dans la poche. Des millions d'images circulent comme des électrons libres sur la toile, la sphère de l'intime explose, engloutissant les frontières entre vie publique et vie privée. Il y des photos moches, indécentes comme un trou de serrure que lorgne un regard torve, et cruelles comme les flaques de rimmel que l'on piétine sous un regard désespoir. Des images, acides comme l'arsenic au fond d'un verre d'eau plate, et celles que l'on jette en pâture à nos instincts de loups voyeurs. Il y a des photos de pub, sirupeuses comme le rose tendre d'un assouplissant ménager, et des mensonges sur papier glacé, où des adolescentes faméliques cachent leurs cernes pourpre sous l'argile rose de la terracotta. Des enfants agonisent, kaki et vermillon sur fond de poussière de sable, tandis que la Tour de Pise a un penchant pour des millions de touristes virtuels. On entre dans les pyramides comme dans un moulin et la Joconde, que Leonard a mis longtemps à peindre, se reproduit comme des petits pains! Dans cette débauche de stimuli oculaires, il reste aussi des regards. Des émotions, posées comme une goutte de rosée et capturées au vol par un diaphragme dans un soupir. Des regards subtils et exercés, que les choses du monde touchent encore. Des photos qui valent des mots, des jeux d'ombres aux allures de syntaxes, des contre-jour en forme de point d'interrogation, des gros plans qui se conjuguent et des portraits qui se font verbe! Robert Capa, répétait souvent:" si vos photos ne sont pas bonnes, c'est que vous n'êtes pas assez près!". Voilà donc le secret, l'approche et la proximité, le contraire d'un éloignement, l'interdit de la distance. Fixer l'instant qui nous rend proche... et pourtant quelque chose nous échappe, toujours... "Je suis triste de ne pouvoir photographier les odeurs. J'aurais voulu hier, photographier celles de l'armoire à épicerie de Grand-Mère!", Lartigue.

jeudi 1 juillet 2010

La ville morte

Die tote stadt, d'Erich Wolgang Korngold était proposé hier, au Real Teatro de Madrid. adapté du roman "Bruges la Morte" de Rodenbach. Ecrite sur mesure pour les plus grands chanteurs viennois de l’époque, "La Ville morte", est une oeuvre époustouflante! L'atmosphère pesante de Bruges plane sur des décors oniriques, les sentiments sont exacerbés, la musique se fait parfois véhémente presque hystérique!
Cet opéra met en scène, les fantasmagories d'un veuf, qui croit retrouver son épouse disparue dans une jeune femme, rencontrée par hasard. A sa création, en 1920, l’Allemagne de la République de Weimar, vit à l'heure de l'expressionisme. L'essentiel alors, "ce n'est pas l'objet en soi, mais le rapport avec son âme. N'importe quel aspect de la nature, pourvu qu'il soit profondément senti, peut devenir un objet d'art. Ecoute avec attention tes voix intérieures. Tu dois tenir pour sacrée toute émotion pure de ton âme : car à l'heure de l'inspiration elle s'incarne sous une forme plastique."
Freud, cette même année, publie " Au delà du principe de Plaisir", dans lequel il élabore le principe de compulsion de répétition, que l'on observe chez les névrosés de guerre. Chez ces patients, l'événement traumatique, générateur de très fortes tensions, fait sans cesse retour dans le rêve.
Cet "éternel retour du même", les pulsions de mort et le principe de plaisir, décrit par Freud à cette époque, sont présents tout au fil de cet opéra, où rêve et réalité s'emmêlent jusqu'au vertige.
La mise en scène est époustouflante, et on ne peut s'empêcher de penser à la Mort à Venise de Visconti. La poudre blanche, qui recouvre les visages, sent la mort, comme la chaux blanche, qu'on utilisait pour désinfecter les rues de Venise au temps du choléra. Même pesanteur des choses, même dérisoire protection contre un mal qui ronge la vie.
Hier, Madrid collapsait à cause d'une grève du Métro, j'ai pris un taxi. Le chauffeur écoutait Ella Fitzgerald en feuilletant un traité de yoga à chaque arrêt au feu rouge.
La vie, avant La ville morte!

mardi 29 juin 2010

Paresse...

Je rêverais d'avoir le temps. Je coincerais alors une bulle méritée, les pieds sans vergogne posés sur une table basse, l'air de rien au coin des yeux, l'art de rien faire au coin du coeur. Doucement bercée par le temps qui passe, je laisserais Rostropovitch me tordre l'âme sous les assauts d'archer du prélude de la suite n°1 de Bach, tandis qu'une hirondelle inspirée dessinerait un vol d'arabesques. Les minutes s'inventeraient des éternités de légende et ma montre bracelet s'enroulerait mollement, autour de mon poignet, elle n'indiquerait plus l'heure, elle serait là pour la décoration! Je regarderais les volutes d'un Partagas n°4 monter lentement dans le ciel clair, et s'enrouler comme un nuage, autour d'une branche. Même la fourmi s'octroierait une pause, elle arrêterait d'engranger ses réserves d'hiver et prendrait ses aises sur mon bras, les antennes en éventail. Le vent se ferait paresse, évitant les rafales, juste un souffle léger pour caresser la joue qui passerait sans même froisser une mèche. Il y aurait dans l'air des senteurs d'origan et de citronnelle, des nuances de frésias et des arômes de noisettes. Il n'y aurait rien à faire et pas grand chose à penser, il suffirait d'être, à ce moment du jour arrêté. Divine paresse qu'aucun remords ne vient troubler, être à soi même et s'en vanter! Un panama en guise de visière, dessinerait une persienne couleur paille devant les yeux, inventant des espaces vides, que rien ne viendrait combler. Laissez aux autres le soin de s'agiter, et en finir avec les courses folles, s'arrêter. Entendre son coeur battre la mesure du concerto d'exister, s'écouter respirer. Ah, la belle idée que de faire du sur-place et de ne plus avancer! Plus un mouvement, juste l’oscillation lascive du hamac en chanvre, qui à peine se balancerait. Oser le vagabondage de l’âme en solitaire, dans le silence d’un soir d’été, où le soleil lambinerait à se coucher. Ennivrante sensation de n'avoir rien à faire que de contempler, les eaux lentes et les ombres entremêlées. "Là, le bruit des vagues et l'agitation de l'eau, fixant mes sens et chassant de mon âme tout autre agitation, la plongeaient dans une rêverie délicieuse." Oui, je rêverais d'avoir le temps!

lundi 14 juin 2010

Kaguyahime

A Marie-Agnès , qu'elle puisse trouver dans ces quelques lignes, le modeste témoignage de mon immense admiration et de mon amitié fidèle!
Kaguyahime, princesse, belle comme la lumière diaphane de la lune pleine, puissante comme la tige de bambou dont les Dieux lui firent un berceau, lente comme un silence suspendu...
Marie-Agnès Gillot, danse et se fractionne en mille petits éclats de poussière d'étoile. La princesse passe, enveloppée d'une beauté indicible, une éclipse éclatante, une tourmente d'émotions. Là où la princesse trace un sillon prometteur de paix pour les Hommes, elle ne sème que convoitise et chaos. Le monde résonne du fracas des combats, vacarme assourdissant des jalousies meurtrières, où les tambours s'acharnent en recouvrant la méditation des flûtes.
La beauté s'incarne, et l'Homme se désagrège en perdant la raison. La pureté affronte la tentation. Les démons s'en prennent aux anges.
Le corps de Marie-Agnès se fragmente dans une arythmie séquencée. La princesse tient dans sa main le monde qui bascule. Marie-Agnès ne danse plus, elle écrit avec son corps, les symboles d'une humanité perdue, une épître du ciel, le SHODO: la Voie par la calligraphie, en blanc et noir, Yin et Yang, le début et la fin! Elle se balance, sur le fil fragile qui relie deux mondes, où le vide prend tout son sens. Dans le chaos, elle reste encore la Proportion.
Jiri Kylian, chorégraphe: " le cœur du sujet réside moins dans le récit que dans les thèmes qu’il évoque : la beauté qui suscite l’amour mais engendre aussi la jalousie, la guerre et la destruction… autant de sentiments qui jalonnent toute l’histoire de l’humanité et qui touchent chacun intimement. Je procède par abstraction, jusqu’à trouver une résonnance universelle et les nuances qui saisissent nos émotions contradictoires. La danse passe par le concret du corps, qui travaille, sue, souffre, tout en cherchant une dimension métaphysique."
Voilà pourquoi Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile à l'Opéra de Paris, est sublime : elle travaille, souffre et sue en puisant en elle même, la dimension ultime qui nous rend si puissant: l'émotion!
Le soir de la générale, à l'Opéra Bastille, elle emportait tout sur son passage, un vent de tornade à travers les bambous, sous les lumières opales de la lune...
La tempête apaisée, les musiciens du palais ont suspendu leurs costumes de soie sur les cintres du ciel, la lune profite d'un nuage pour aller faire un tour. Je retrouve Marie-Agnès, dans un restaurant japonais où nous refaisons le monde, encore, du bout de nos baguettes. La princesse a le corps fourbu, les pieds mâchés, les muscles en compote, et la nuit du pays du Soleil Levant a laissé comme une ombre autour de ces yeux noisette. Kaguyahime, pense déjà à la Première qu'elle dansera demain, un ballet mi-Dieu, mi-homme. A cette heure avancée de la nuit, elle ne sait pas encore qu'un cyclone d'applaudissements se prépare, où le public debout, va rappeller mille fois son étoile!

lundi 7 juin 2010

Eternels instantanés

Woman, I can hardly express,
My mixed emotion at my thoughtlessness,

L’été d’il y a trente ans, commence par une mélodie de Lennon.
Un été jean et packman, illuminé de vingt bougies et saupoudré de grains de sable chaud. Des illusions plein les poches, dans une Europe emmurée, des livres plein la tête que la Tramontane feuillette lascivement et les mélodies de Joan Baez qu’on arpège dans la nuit, autour de patates en robe des champs que couve un nid de braises. Des petits cailloux blancs se glissent parfois dans la sandale, sur le chemin pentu qui mène aux falaises. On plonge dans l’eau claire et glacée pour remonter de petits morceaux de nacre rosé qu’on portera au cou une partie de l’hiver. La peau exhale des senteurs de verveine citronnelle, ou de chèvrefeuille, et dore comme un petit pain dans le four aux premières expositions au soleil. Un été de vingt ans banalement unique et rare, dont on suppose naïvement, qu’il va durer cent ans! Ma cinquantaine y pense encore…
Comment parcoure-t-on le chemin qui mène à aujourd’hui ? Avec quels bagages ? Qui rencontrons-nous, de quoi se charge-t-on, que laissons-nous sur le bas-côté, qu’apprenons-nous en route ? Sait-on bien où l’on va ? Mystère ! On perd parfois des compagnons en route et voilà qu’au croisement nous attend, assis sur une borne, un ami de toujours...
Philippe est devenu photographe. Ni professionnel, ni amateur, non, photographe ! Un artiste qui en libérant les perspectives, emprisonnent les émotions dans sa boîte noire. Vous, vous traversez simplement la rue pour rejoindre le boulevard, et lui, voit des géométries que le béton trace au cordeau, dans l’ombre du soir. Les pieds dans l’herbe du parc, vous regardez au loin, lui, s’accroche aux ailes blanches d’un cygne et déclenche à l’instant précis, où le cou gracile de l'animal se tord en un anneau. Il est partout, l’œil aux abois, la sensibilité à fleur des peaux pour réinventer les corps. Il se joue des ombres et se faufile dans l’entre-deux de la lumière.
Il y a comme un déchirement dans son travail photographique, une fissure dans la linéarité du bonheur, une indéfinissable craquelure par laquelle s’échappe un peu le monde, cru et sans voile.
Derrière l'esthétique absolue, les fêlures insoupçonnées; derrière la beauté des corps, l'ombre des âmes; derrière les regards, des questions... quelque fois sans réponse. Qui pause s'expose et livre sans crainte des parcelles infimes de son intime. Pas de jeu de cache-cache et pas de faux semblants, il dit l'essentiel, souvent en noir et blanc...
Trente ans plus tôt, il fredonnait Lennon:

dimanche 30 mai 2010

Problèmes techniques!

L'ordinateur est un animal ingrat, nourrissez-le chaque jour, prodiguez-lui des soins quotidiens, ménagez sa susceptibilité en ne l'injuriant qu'occasionnellement et à voix basse, caressez affectueusement ses touches délicates, pfft !, rien n'y fait, à la moindre contrariété il vous tourne les processeurs et s'en va voir ailleurs si vous n'y êtes pas! Bref, sans crier gare, il vous laisse tomber comme une vieille chaussette, en rade, basta, fini, kaput!
J'ai eu beau batailler avec ses entrailles, secouer le labyrinthe de ses composants, et implorer Saint Bill Gates de toute ma ferveur, la bête têtue ne voulait rien savoir. Elle expirait bel et bien sous l'assaut d'invisibles virus, qui lui avaient donné la fièvre et l'avaient laissé presque pour mort aux détours d'une recherche internet. L'amnésie commença alors, légère d'abord, quelques liens par-ci, quelques photos par-là, progressivement c'est sa mémoire entière qui vacillait comme un château de cartes! Un désastre, un Titanic, la retraite sans condition d'une armée en déroute! Ils l'ont emporté, presque sans vie, la mine défaite devant l'ampleur des dégâts, de la résignation dans le regard...
- vous savez on n'est pas sûrs de le sauver, c'est grave!
- je vous en prie, faites votre possible, je ne sais pas ce que je pourrais faire sans lui
- il faut attendre, on vous téléphonera pour vous donner des nouvelles. Il est dans de bonnes mains, on doit d'abord savoir ce qu'il a et ensuite on verra ce qu'on peut faire. Pour l'instant on ne peut rien vous dire.
Une fois parti, j'ai regardé la table vide, quelques légers traits de poussière dessinaient encore son ancien emplacement.
Après d'interminables jours d'attente, dévorée par l'angoisse du silence, dépossédée, isolée du monde, dans le silence et face à la noirceur profonde d'un écran sans lumière, le téléphone a retenti:
- on l'a sauvé, ça été difficile, mais on l'a sauvé! Vous pouvez remercier P.L., c'est le meilleur! Sans lui, on n'aurait pas donné cher du résultat! Pendant quelques jours faudra le ménager, le chargez pas trop et vous verrez, tout rentrera dans l'ordre!
- oh, merci, je ne sais pas...enfin vraiment...dites au Pr P.L. que je lui suis infiniment reconnaissante. Je suis contente, vous savez j'étais perdu sans lui, je ne parlais à personne, merci encore !
Il était là, posé, fragile, j'avais presque du mal à l'approcher. Puis j'ai appuyé sur le bouton, à droite... En quelques secondes à peine, il était revenu, comme avant, un peu plus fort peut-être, plus rapide aussi. Il a clignoté de toutes ses lumières et je crois qu'il m'a sourit!
Veuillez donc m'excuser de ce si long silence, D430KW 2335EB569 dit ZZQ76543 était bien malade !

mercredi 12 mai 2010

Mdina, la silencieuse


Passé le porche, où piaffent les chevaux des carrioles, voici dans le matin déjà inondé de soleil, Mdina.
La forteresse silencieuse, labyrinthe de ruelles étroites où les murs si hauts des maisons laissent à peine un carré turquoise au dessus de nos têtes.
Mdina, la silencieuse, qui étouffent dans la pierre , les verbiages lointains des touristes en goguette.
La Cité, érigée sur les vestiges d’une ville phénicienne et romaine appelée Melita, était la prospère capitale de Malte au cours du IXème siècle. C'était la plaque tournante de toutes les activités commerciales et administratives. Les Arabes, qui dominèrent le pays jusqu’au milieu du XIIIème siècle, construisirent de nouvelles fortifications et la rebaptisèrent Medina. Elles protégeait alors, les îliens contre les attaques des barbares le long de la côte.
Atmosphère unique, mystérieuse qui vous envahit lorsque vous flanez dans le dédale des rues étroites, ou sur les remparts de la ville.
Mdina ensorceleuse derrière ses portes closes, aux heurtoirs si travaillés.
Palais et églises rivalisent d'une sensuelle beauté.
Citta Notabile, la cité noble, où les chevaliers reposent sous des dalles de marbre qui disent leurs hauts faits pour l'éternité.
Juchée sur un plateau de 150 m, elle domine un panorama immense qui s'étend jusqu'à la mer, j'écoute le silence de la ville mémoire.
Demain les 3 citées, Vittoriosa, Senglea, Cospicua, où s'installèrent les premiers chevaliers de l'Ordre. Ils vont s'avèrer être de fabuleux bâtisseurs et les témoignages de ces édifices sont présents partout.
Alors, à demain !
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