
mardi 29 juin 2010
Paresse...

lundi 14 juin 2010
Kaguyahime

Kaguyahime, princesse, belle comme la lumière diaphane de la lune pleine, puissante comme la tige de bambou dont les Dieux lui firent un berceau, lente comme un silence suspendu...
Marie-Agnès Gillot, danse et se fractionne en mille petits éclats de poussière d'étoile. La princesse passe, enveloppée d'une beauté indicible, une éclipse éclatante, une tourmente d'émotions. Là où la princesse trace un sillon prometteur de paix pour les Hommes, elle ne sème que convoitise et chaos. Le monde résonne du fracas des combats, vacarme assourdissant des jalousies meurtrières, où les tambours s'acharnent en recouvrant la méditation des flûtes.
La beauté s'incarne, et l'Homme se désagrège en perdant la raison. La pureté affronte la tentation. Les démons s'en prennent aux anges.
Le corps de Marie-Agnès se fragmente dans une arythmie séquencée. La princesse tient dans sa main le monde qui bascule. Marie-Agnès ne danse plus, elle écrit avec son corps, les symboles d'une humanité perdue, une épître du ciel, le SHODO: la Voie par la calligraphie, en blanc et noir, Yin et Yang, le début et la fin! Elle se balance, sur le fil fragile qui relie deux mondes, où le vide prend tout son sens. Dans le chaos, elle reste encore la Proportion.
Jiri Kylian, chorégraphe: " le cœur du sujet réside moins dans le récit que dans les thèmes qu’il évoque : la beauté qui suscite l’amour mais engendre aussi la jalousie, la guerre et la destruction… autant de sentiments qui jalonnent toute l’histoire de l’humanité et qui touchent chacun intimement. Je procède par abstraction, jusqu’à trouver une résonnance universelle et les nuances qui saisissent nos émotions contradictoires. La danse passe par le concret du corps, qui travaille, sue, souffre, tout en cherchant une dimension métaphysique."
Voilà pourquoi Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile à l'Opéra de Paris, est sublime : elle travaille, souffre et sue en puisant en elle même, la dimension ultime qui nous rend si puissant: l'émotion!
Le soir de la générale, à l'Opéra Bastille, elle emportait tout sur son passage, un vent de
tornade à travers les bambous, sous les lumières opales de la lune...

La tempête apaisée, les musiciens du palais ont suspendu leurs costumes de soie sur les cintres du ciel, la lune profite d'un nuage pour aller faire un tour. Je retrouve Marie-Agnès, dans un restaurant japonais où nous refaisons le monde, encore, du bout de nos baguettes. La princesse a le corps fourbu, les pieds mâchés, les muscles en compote, et la nuit du pays du Soleil Levant a laissé comme une ombre autour de ces yeux noisette. Kaguyahime, pense déjà à la Première qu'elle dansera demain, un ballet mi-Dieu, mi-homme. A cette heure avancée de la nuit, elle ne sait pas encore qu'un cyclone d'applaudissements se prépare, où le public debout, va rappeller mille fois son étoile!
lundi 7 juin 2010
Eternels instantanés

My mixed emotion at my thoughtlessness,
L’été d’il y a trente ans, commence par une mélodie de Lennon.
Un été jean et packman, illuminé de vingt bougies et saupoudré de grains de sable chaud. Des illusions plein les poches, dans une Europe emmurée, des livres plein la tête que la Tramontane feuillette lascivement et les mélodies de Joan Baez qu’on arpège dans la nuit, autour de patates en robe des champs que couve un nid de braises. Des petits cailloux blancs se glissent parfois dans la sandale, sur le chemin pentu qui mène aux falaises. On plonge dans l’eau claire et glacée pour remonter de petits morceaux de nacre rosé qu’on portera au cou une partie de l’hiver. La peau exhale des senteurs de verveine citronnelle, ou de chèvrefeuille, et dore comme un petit pain dans le four aux premières expositions au soleil. Un été de vingt ans banalement unique et rare, dont on suppose naïvement, qu’il va durer cent ans! Ma cinquantaine y pense encore…
Comment parcoure-t-on le chemin qui mène à aujourd’hui ? Avec quels bagages ? Qui rencontrons-nous, de quoi se charge-t-on, que laissons-nous sur le bas-côté, qu’apprenons-nous en route ? Sait-on bien où l’on va ? Mystère ! On perd parfois des compagnons en route et voilà qu’au croisement nous attend, assis sur une borne, un ami de toujours...
Comment parcoure-t-on le chemin qui mène à aujourd’hui ? Avec quels bagages ? Qui rencontrons-nous, de quoi se charge-t-on, que laissons-nous sur le bas-côté, qu’apprenons-nous en route ? Sait-on bien où l’on va ? Mystère ! On perd parfois des compagnons en route et voilà qu’au croisement nous attend, assis sur une borne, un ami de toujours...
Philippe est devenu photographe. Ni professionnel, ni amateur, non, photographe ! Un artiste qui en libérant les perspectives, emprisonnent les émotions dans sa boîte noire. Vous, vous traversez simplement la rue pour rejoindre le boulevard, et lui, voit des géométries que le béton trace au cordeau, dans l’ombre du soir. Les pieds dans l’herbe du parc, vous regardez au loin, lui, s’accroche aux ailes blanches d’un cygne et déclenche à l’instant précis, où le cou gracile de l'animal se tord en un anneau. Il est partout, l’œil aux abois, la sensibilité à fleur des peaux pour réinventer les corps. Il se joue des ombres et se faufile dans l’entre-deux de la lumière.
Il y a comme un déchirement dans son travail photographique, une fissure dans la linéarité du bonheur, une indéfinissable craquelure par laquelle s’échappe un peu le monde, cru et sans voile.
Derrière l'esthétique absolue, les fêlures insoupçonnées; derrière la beauté des corps, l'ombre des âmes; derrière les regards, des questions... quelque fois sans réponse. Qui pause s'expose et livre sans crainte des parcelles infimes de son intime. Pas de jeu de cache-cache et pas de faux semblants, il dit l'essentiel, souvent en noir et blanc...Trente ans plus tôt, il fredonnait Lennon:
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