lundi 25 octobre 2010

Trinidad


La couleur se lit sur les murs, et la rue, défoncée, crisse sous la poudre de terre battue...


On danse encore dans un "cour à cour" entre deux maisons.

Entre les peaux perlées de sueur, le corps à corps qui s'improvise, aux accents d'un mélancolique boléro.

Les hanches tanguent, chaloupent, en perdition sur les vagues à l'âme d'une chanson, qui traîne en langueur...


" Yo no se que me esta pasando,
que no dejo un momento de pensar en ti.
Yo no se que sera de mi
si no estoy junto a ti..."







samedi 23 octobre 2010

Volutes de Havane

Les façades de la Havane sont lessivées. Lasses, elles desquament sous le soleil. Les visages de la Havane sont lessivés. Las, ils desquament sous le soleil.
Des pieds nus donnent le tempo, à l’angle d’une ruelle, où un tricot de corps joue les funambules, sur un fil à linge tendu entre deux murs.
Ambre, fève de cacao, miel et grain de café, palettes des hommes aux sangs mêlés.

Le temps s’est arrêté sur les compteurs de la Plymouth.
Dans le reflet chromé du phare, une fille bien carrossée vérifie sa coiffure.

Encore une fois, je prends la route… Habana, Cienfuegos, Camaguey, Santiago…
Les cannes à sucre, se dressent sur la pointe des pieds pour nous voir passer.


Por el Mar de las Antillas
(que también Caribe llaman)

batida por olas duras

y ornada de espumas blandas,

bajo el sol que la persigue

y el viento que la rechaza,

cantando a lágrima viva

navega Cuba en su mapa :

un largo lagarto verde,

con ojos de piedra y agua.

mercredi 6 octobre 2010

Le Retiro

Il m'arrive de flâner dans le Parc du Retiro à Madrid. L'automne commence à peine à glisser quelques feuilles couleur de rouille, entre le vert bronze des arbres, tandis que le soleil s'encanaille encore du côté de l'été. L'allée principale est pavée des bonnes intentions des diseuses de bonnes aventures, le nez plongé dans leur tarot, ou l'oeil rivé sur une boule de cristal. Entre les petits stands pliants des voyantes, des hommes transformés en statues, un magicien jongleur de bulles, une sculpteuse de ballons, un caricaturiste dont le fusain acéré, trace à grands traits le sourire d’un moustachu hilare. Plus loin, un théâtre de marionnettes où des enfants en demi-cercle devant un guignol, attendent le début du spectacle. Trois coups. Personne en scène, une voix douce semble sortir du Guignol et entonne une mélodie :
-La la la la , comme je suis jolie, la la la je suis vraiment jolie !
La voix de jeune fille continue la rengaine :
- La la la la lère, je suis vraiment la plus jolie
- Il fait froid les enfants ?
- nOOOOOOOOOOOOOOn !
- ah tant mieux, je serai vraiment jolie sans mon manteau, la la la, je suis la plus jolie ! Vous croyez, hein, les enfants que je suis la plus jolie ?
- Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
Sortant comme un beau diable, apparait alors, une sorcière sur son balai.
- N’est-ce pas les enfants que je suis la plus jolie ?
Stupeur générale, les petits, médusés, en sont babas ! Oh la mocheté, nez crochu, verrue et tout le tralala. Seulement voilà, les petits ça ne trichent pas ! Le voici donc Le moment de l’hésitation, Le silence d’une seconde qui en dit long. Les enfants ont le cul entre deux mondes, ils ont dit oui mais face à cet écroulement du rêve, à ce cauchemar de la réalité, ils oscillent hésitants, au seuil de deux puits sans fond. Je me faufile dans cette éternité de silence, et guette le couperet qui trancherait l’hésitation : « la vérité, vous la dites, et elle vous attire des claques ou des félicitations, et le pire, c’est que dans un cas comme dans l’autre, personne ne vous croit. La vérité, c’est incroyable ! »
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