samedi 31 juillet 2010

Ile Maurice J4

Le grand lac sacré de l'île Maurice: Ganga Talao.
Au mois de février, la ferveur des pélerins guide plus de la moitié de la population de l'île Maurice, vers ces eaux sacrées, pour la fête de Maha Shivaratree. Des milliers de fidèles viendront se purifier dans l'eau glacée. Shiva est le dieu de la danse cosmique, et protecteur du Gange, incarnation de la pureté et de la divinité en Inde. Ceux qui vinrent à Maurice ne pouvaient plus se rendre au Gange, alors ils l'amenèrent à Maurice. C'est ainsi que fût créé Le lac de Grand Bassin. Nous sommes là, dans une région montagneuse et retirée du district de la Savanne. Ils marcheront jour et nuit, portant des temples miniatures, intincelant d'innombrables petits miroirs: les kanwars qui symbolisent la soumission à la volonté des Dieux. Après les prières, les pélerins rentreront chez eux en emportant leur lotas, un petit vase en cuivre ou des bouteilles remplies d'eau sacrée du lac destinée à honoré le Shiva Linga.
Aujourd'hui, le calme règne autour du lac. Vers le ciel s'élancent des volutes grises et parfumées, le prêtre signe chaque front, d'une trace rouge sang. Le silence s'invite, je m'assois et j'aperçois au loin, l'autre côté des choses !

jeudi 29 juillet 2010

Ile Maurice3

Aujourd'hui je n'ai rien fait, nada, zéro, néant... Un de ces coinçages de bulle comme on en rêverait plus souvent. Entre deux insolentes somnolences, le soleil a décidé de se coucher!
Tout a commencé ce matin, l'averse m'a coincée sur le transat. Terrassée en terrasse par une nonchalance quasi tropicale, j'ai regardé les oiseaux se goinfrer de goyaves. Puis l'heure tournant sur elle même, à la fréquence d'un derviche somnambule, il était grand temps de faire quelques pas pour rejoindre la plage. A ce moment précis, une flémingite aigüe m'a foudroyée comme l'éclair. Les signes avant coureurs ne m'avaient pas trompée, la crise était sérieuse et le verdict implacable : je ne ferai rien de la journée! Et c'est ce que je me suis employée à faire. Ah, c'est qu'on ne joue pas avec la maladie, n'importe quel thérapeute vous le dira, on doit écouter son corps! Et bien, j'ai suivi scrupuleusement le conseil, je n'ai pas bougé le moindre orteil! A peine ai-je tendu le bras vers mon cocktail minty-orange! Une petite fille, construisait ses châteaux en Espagne au bord de l'eau. J'ai d'abord suivi, du coin de l'oeil, ces assemblages de tourelles et de donjons, mais très vite, ses incessantes allées et venues pour chercher de l'eau m'ont épuisée. Je me suis alors mise en concentration, puis en visualisation intense, et en relaxation pour atteindre un état de supra conscience : pour parler vrai, j'ai dormi comme une masse !Vous excuserez, je l'espère, le peu d'informations données aujourd'hui sur les coutumes mauriciennes, j'ai sans doute confondu, à l'heure de la sieste, les alizées et notre bon Mistral! Je ne résiste pas, toutefois à vous livrer cette savoureuse définition d'Alain Finkielkraut: la FénéHANTISE = peur obsédante de la paresse ! A demain

mercredi 28 juillet 2010

Ile Maurice J2

Température 26°, mer 23° . Les couleurs Mauriciennes déclinent un arc en ciel glouton de couleurs incendiées de soleil. Les sourires éclatent en plein midi et l'hospitalité s'enroule autour de vous, avec la délicatesse d'un pagne de lin blanc. Les fruits éclatent en mousse juteuse et parfumée, les siestes s'éternisent, bercées par la psalmodie lancinante des vagues. Les alizées jouent avec les paréos qui découvrent les hanches des filles, dorées comme des brioches, sous les regards effrontés des garçons, qui se cachent à peine derrière leurs lunettes de soleil. Les vacances se déroulent comme un parchemin rare, dont on ne voudrait pas gaspiller le moindre centimètre. Maurice travaille, à l'heure où je m'invente des paradis... A demain !

mardi 27 juillet 2010

Ile Maurice 1

Bonsoir de Grand Baie! Il est 18h23 (16h23 en France), la nuit est tombée il y a presque une heure, après un coucher de soleil couleur d'orange, qui aspirait à petites gorgées, les dernières gouttes de lumière, du cocktail lagon bleu de l'océan. Ma première rencontre ce matin, un tisserin, un oiseau couleur citron qui tisse d'étranges nids, suspendus au bout des branches. Ici c'est donc l'hiver, mais le temps, au nord de l'île, est idéal pour une sieste sur la plage de sable blanc. L'eau est claire et bonne. Le soleil joue parfois une partie de cache-cache avec les nuages, l'espace d'un instant, puis le temps se remet au beau. La blancheur d'albâtre du sable, sa douceur infinie, vous pousse irrémédiablement à le laisser glisser entre vos doigts, à le modeler, à le malaxer, du coup je me suis mise à sculpter une tête, un totem, un visage des temps immémoriaux, les yeux dressés vers le ciel, comme hommage des temps anciens, au soir qui s'effondre dans la mer

J'ai du sans doute, sans le savoir, invoquer un Dieu de la pluie, car un peu plus tard, une averse, soudaine, brusque a dessiné des pois sur le tissu de sable et s'est évanoui aussi vite qu'elle était venue.
L'île est un caléidoscope de fleurs multicolores et les fruits succulents: papaye, banane, ananas, noix de coco, melons. En ville, les trottoirs croulent sous les paréos couleur turquoise et les bikinis, sous l'oeil désinvolte de joueurs de dominos, qui font claquer leurs pièces sur une plaque de ferraille en guise de table. On roule à gauche, souvenir de la présence anglaise, et les mauriciens sont d'une gentillesse et d'une courtoisie sans pareilles.
Demain, je vous donnerai d'autres nouvelles de l'hémisphère sud...

vendredi 23 juillet 2010

L'île Maurice

A nouveau, je boucle mes valises. Nouvelle destination, nouveaux horizons, nouveaux voyages. Cette fois-ci, destination l'île Maurice. En calculant bien, je n'ai pas réussi, en une année, à dormir plus de trois nuits suivies dans ma maison. Je traverse l'Espagne de long en large, au pas des taureaux, fait des sauts de puces en France et en Europe, et m'envole pour de plus longs périples dès que mon agenda donne des signes de faiblesse. C'est l'hiver qui m'attend à Maurice. Un hiver relatif où les températures se calent sur les 20°-22°.
Retour en Août, où je repartirai jouer les nomades, de l'Andalousie à la Castille, et de l'Extremadura au pays Basque. Quelques excursions en France, et l'automne pointera déjà le bout de son nez plus frileux. A ceux qui se reposent, je souhaite de bonnes vacances, aux besogneux qui partiront plus tard, courage vaillants soldats!
Comme toujours, j'essaierai de vous envoyer quelques cartes postales virtuelles.
A vous tous, mes lecteurs fidèles je souhaite un doux et bel été, rempli de senteurs de sable, de prés ou romarin. Où que vous soyez, quoi que vous fassiez, que les nuits longues et fraîches de l'été vous offrent de beaux rêves et que les jours s'amusent à jouer les noctambules!
A bientôt

jeudi 8 juillet 2010

C'est pas le pied !

J'ai eu beau chercher, une journée entière, scrutant, lorgnant, fouinant! Rien!
Pas un être humain ne portait de chaussures fermées, j'étais perdue pour de bon, dans les dédales obscurs d'un monde de sandales! Des centaines de doigts de pieds de toutes sortes se trémoussaient sous mon nez: des égyptiens, dont le pouce dominant aurait pu porter le némes rayé, des grecs à l'index dressé comme une colonne dorique, et des plus carrés, normaux en diable! Je saute à pied joint sur l'occasion pour avouer que je déteste sandales, sandalettes, tongs et autres attributs chaussants qui laissent impudiquement, à vue, la dizaine d'orteils. Foulant au pied, parfois la rigueur de l'alexandrin (vers à 12 pieds), voici donc quelques vers, composés au pied levé:

- Madame, à l'inconfort vous voilà condamnée
car vous ne souffrez point de sandales à vos pieds

- Je ne saurais montrer, monsieur, hors la maison
des orteils torturés par quelques durillons.
Quel plaisir trouvez-vous à exhiber des pieds,
que des années de marche, ont par trop déformés !
Je n'ai aucune joie à découvrir ainsi,
mes tout petits petons et mes talons aussi.
Je préfère somme toute un joli mocassin,
à ses tongs en plastique aux couleurs de jasmin.

Cette ode "podologique" un peu osée, en forme de pied de nez, et composée un peu à la hâte, j'en conviens, n'en demeure pas moins une revendication qu'il faut prendre au pied de la lettre: Cessez de m'agitez vos cors sous le nez, rengainez vos oignons, vos hyperkératose et rangez sous la chaussette, vos ongles incarnés! Sans compter la démarche de mollusque, qu'adopte la plus part des sandallés, lancinant frottement de ski de fond du traîne savate. Je suis sur le pied de guerre!
Sus à l'indécence des arpions, et sur ce terrain, je vous attends de pied ferme. Non mais sans blague, est-ce vraiment indispensable de déballer ainsi, une dizaine d'appendices palmés! Je foule au pied tous ces a priori, qui font croire qu'ainsi le pied respire mieux, lorsque revient l'été. Je lève mon verre au pied, qui doit garder toujours un peu d'intimité! Je garde mes ballerines sous la main, enfin au pied, me voilà à pied d'oeuvre...
Bon après cette diatribe, déclamée haut et fort, acceptez que je m'en aille... sur la pointe des pieds!

dimanche 4 juillet 2010

Cliché!

Ce n'était sans doute pas un jour comme les autres. Un jour où l'on trace au cordeau, les raies des cheveux mouillés d'eau de Cologne. D'habitude, les jumeaux reviennent hirsutes, la blouse maculée d'une boue grise des champs de bataille d'écolier et la grand-mère ne quitte pas sa caisse des yeux! Ce jour-là, on s'est aligné en rang d'oignons, fermé tous les cols de chemise, repassé impeccablement les tabliers, même le chien s'est invité à l'instant solennel. Ils ont "l'âme endimanchée". La photo, à cette époque est un moment rare, un instantané de luxe que l'on s'offre pour les grandes occasions, et que seul, le photographe, est capable de capturer à l'intérieur de son étrange boîte noire. Personne ne se doute, sur ce cliché, que des années plus tard, tout le monde se baladera, un appareil photo dans la poche. Des millions d'images circulent comme des électrons libres sur la toile, la sphère de l'intime explose, engloutissant les frontières entre vie publique et vie privée. Il y des photos moches, indécentes comme un trou de serrure que lorgne un regard torve, et cruelles comme les flaques de rimmel que l'on piétine sous un regard désespoir. Des images, acides comme l'arsenic au fond d'un verre d'eau plate, et celles que l'on jette en pâture à nos instincts de loups voyeurs. Il y a des photos de pub, sirupeuses comme le rose tendre d'un assouplissant ménager, et des mensonges sur papier glacé, où des adolescentes faméliques cachent leurs cernes pourpre sous l'argile rose de la terracotta. Des enfants agonisent, kaki et vermillon sur fond de poussière de sable, tandis que la Tour de Pise a un penchant pour des millions de touristes virtuels. On entre dans les pyramides comme dans un moulin et la Joconde, que Leonard a mis longtemps à peindre, se reproduit comme des petits pains! Dans cette débauche de stimuli oculaires, il reste aussi des regards. Des émotions, posées comme une goutte de rosée et capturées au vol par un diaphragme dans un soupir. Des regards subtils et exercés, que les choses du monde touchent encore. Des photos qui valent des mots, des jeux d'ombres aux allures de syntaxes, des contre-jour en forme de point d'interrogation, des gros plans qui se conjuguent et des portraits qui se font verbe! Robert Capa, répétait souvent:" si vos photos ne sont pas bonnes, c'est que vous n'êtes pas assez près!". Voilà donc le secret, l'approche et la proximité, le contraire d'un éloignement, l'interdit de la distance. Fixer l'instant qui nous rend proche... et pourtant quelque chose nous échappe, toujours... "Je suis triste de ne pouvoir photographier les odeurs. J'aurais voulu hier, photographier celles de l'armoire à épicerie de Grand-Mère!", Lartigue.

jeudi 1 juillet 2010

La ville morte

Die tote stadt, d'Erich Wolgang Korngold était proposé hier, au Real Teatro de Madrid. adapté du roman "Bruges la Morte" de Rodenbach. Ecrite sur mesure pour les plus grands chanteurs viennois de l’époque, "La Ville morte", est une oeuvre époustouflante! L'atmosphère pesante de Bruges plane sur des décors oniriques, les sentiments sont exacerbés, la musique se fait parfois véhémente presque hystérique!
Cet opéra met en scène, les fantasmagories d'un veuf, qui croit retrouver son épouse disparue dans une jeune femme, rencontrée par hasard. A sa création, en 1920, l’Allemagne de la République de Weimar, vit à l'heure de l'expressionisme. L'essentiel alors, "ce n'est pas l'objet en soi, mais le rapport avec son âme. N'importe quel aspect de la nature, pourvu qu'il soit profondément senti, peut devenir un objet d'art. Ecoute avec attention tes voix intérieures. Tu dois tenir pour sacrée toute émotion pure de ton âme : car à l'heure de l'inspiration elle s'incarne sous une forme plastique."
Freud, cette même année, publie " Au delà du principe de Plaisir", dans lequel il élabore le principe de compulsion de répétition, que l'on observe chez les névrosés de guerre. Chez ces patients, l'événement traumatique, générateur de très fortes tensions, fait sans cesse retour dans le rêve.
Cet "éternel retour du même", les pulsions de mort et le principe de plaisir, décrit par Freud à cette époque, sont présents tout au fil de cet opéra, où rêve et réalité s'emmêlent jusqu'au vertige.
La mise en scène est époustouflante, et on ne peut s'empêcher de penser à la Mort à Venise de Visconti. La poudre blanche, qui recouvre les visages, sent la mort, comme la chaux blanche, qu'on utilisait pour désinfecter les rues de Venise au temps du choléra. Même pesanteur des choses, même dérisoire protection contre un mal qui ronge la vie.
Hier, Madrid collapsait à cause d'une grève du Métro, j'ai pris un taxi. Le chauffeur écoutait Ella Fitzgerald en feuilletant un traité de yoga à chaque arrêt au feu rouge.
La vie, avant La ville morte!
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